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Virginie HUCHER

publié sur ArtN'MAG






Virginie HUCHER : du « corps-objet » au « corps-sujet »


Licenciée en Arts Plastiques, et diplômée d'une école d’Arts Appliqués, Virginie a travaillé́ auprès de créateurs de mode et de décorateurs d'intérieur, puis enseigné les Arts Plastiques. Ses grandes rencontres artistiques ont été des artistes tels que Bertrand Moulin, Bruno Lebel, Michel Gouéry ou encore Marc Alberghina.


Quelle est ta recherche artistique ces dernières années ?


Je m’intéresse à l’Origine du monde vivant, à l’espace-temps, au vide et au plein, à la symbolique chromatique et animale, végétale. Ma recherche personnelle de ces dernières années se traduit avec le temps par une esthétisation de l'anima (*)et de la nuit, qui me fascine, car elle me détache du monde et entretient le mystère. Tout cela évolue en parallèle de mes recherches archéologiques que je mène depuis l’enfance.


Naissance, mort et renaissance, comment se traduisent ces cycles ?


Aux deux extrémités du cycle de la vie, il y a des corps inanimés à qui j’aime (re)donner un souffle. En mettant une âme dans ces corps, c’est ma façon de figurer les humains. Les peaux sont blêmes comme celles des nouveaux nés, avant qu’ils ne commencent à respirer, ou comme celle des dépouilles…comme une volonté de rendre hommage au vivant.


Les têtes des personnages sont sans cheveux, quel sens donner à ce choix ?


Le côté androgyne, nouveau-né, et les morts qui surgissent sous la forma statuaire. Les cheveux sont comme des vaisseaux sanguins, ou comme des racines, ou encore des rayons de soleil. Privés de leurs chevelures, mes personnages sont coupés de leur histoire, abandonnés, habitent un monde vide, rempli de solitude. La tonte signifiait autrefois don de soi et pureté.

J’ai écrit, il y a 3 ans, ceci : « Or, c'est précisément de ces visages, de ces portraits, voire de ces autoportraits, qu'émerge l'impression violente du vide, d'une solitude, d'un abandon, d'une séparation, d'un deuil. D'une attente, qui semble prendre toute la place. Cette solitude que "chacun porte" en soi, comme une expérience unique et profondément intime. »


« Corps-objet » versus « Esprit-sujet » quelle est ta proposition artistique ?


Dans la série « Le corps et l'autre », il s’agit d'une fabrique du vivant, qui passe par une archéologie du vivant, à travers l’instant du rêve. Mon travail fait objet le corps en le structurant, voire le déstructurant. Je rends objet le corps par la symbolique chromatique, par exemple quand je peins un corps blanc-gris j'objective le corps en statuaire, en nouveau-né, et aussi quand je crée de nouvelles formes végétales, par le processus d’hybridation (surtout dans mes tous derniers travaux). Ma proposition est de rendre le corps sujet, en évoquant l'âme, et objet en évoquant les corps dans le sens physique.


Un dernier mot ?


Ne montrer que l’essentiel, déstructurer pour recréer et animer, rester sensible à la vie invisible, à la chair, au corps cellulaire, à « l’intérieur » et aux contours. Briser l’espace et le temps et affirmer sa présence au monde.


Propos recueillis chez l’artiste par François Beauxis

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(*)L'anima(du latin anima « souffle, âme », d'où vient le terme animal) est, dans la psychologie analytique du psychiatre suisse Carl Gustav Jung, la représentation féminine au sein de l'imaginaire de l'homme. Il s'agit d'un archétype, donc d'une formation de l'inconscient collectif, qui a son pendant chez la femme sous le nom d'animus.

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